Entrer dans le Flow

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Mihaly Csikszentmihalyi, psychologue d’origine hongroise, étudie depuis plus de 40 ans la notion de bonheur et les conditions dans lesquelles ce sentiment apparaît.

Il le décrit comme l’expérience optimale : « l’état dans lequel les gens sont quand ils sont profondément engagés dans une activité pour le plaisir, quand ils se sentent heureux et sont au maximum de l’enchantement ».

Les études de Mihaly ont permis de recueillir des données subjectives sur les pensées et les émotions de  la vie quotidienne de milliers d’individus de différentes cultures à travers le monde en les interrogeant de manière aléatoire environ 10 fois par jour au moyen d’un télé-avertisseur. Des personnalités particulièrement créatives (artistes, scientifiques reconnus), mais également des personnes ordinaires dans leur vie quotidienne ont participé à ces recherches.

L’une d’elles, un compositeur américain de renom décrit son expérience d’un moment de bonheur dans la créativité comme : « un état extatique au point que l’on ne se sent plus exister (…) »

Extase en Grec signifie en effet être transporté hors de soi-même en ressentant un ravissement, une vision, une jouissance ou une joie extrême.

Ce sentiment d’être « hors de soi » s »explique physiologiquement. En effet, notre système nerveux ne peut traiter un flot d’informations supérieur à environ 110 bits/seconde. Lorsqu’on écoute quelqu’un par exemple, on doit traiter environ 60 bits/sec, ce qui explique pourquoi on ne peut écouter plus de deux personnes parler en même temps.

Quand nous sommes totalement impliqués dans une activité qui requiert toute notre capacité d’engagement et de concentration, nous n’avons plus suffisamment d’attention disponible pour ressentir également dans le même temps notre corps, les signaux qu’il nous envoie (faim, fatigue, inconfort…), ainsi que notre sentiment d’identité. Tout cela s’efface temporairement.

C’est donc une perception différente de la réalité, très intense, dans laquelle on est totalement engagé et où l’on perd une certaine conscience de soi (de son corps, de ses préoccupations, de la fatigue…). Mihaly l’a caractérisé comme « l’état de FLOW ».

Ce terme anglais pourrait être traduit par flux ou circulation mais il est surtout en lien avec une notion de fluidité, de « suivre le courant » (d’une rivière, de la musique…)

Être « dans le flow » ou « dans la zone », c’est une sensation de facilité, de spontanéité, ou tout « coule de source ».

Elle nous envahit lorsque nous sommes pris par une activité créatrice (musique, écriture, sport…), mais également dans le cadre d’un travail qui nous passionne, ou lorsque nous avons le sentiment de contribuer à quelque chose de plus grand que nous.

Être dans le flow ne dépend pas de la nature de l’activité mais de l’état dans lequel nous y entrons, qu’elle soit physique comme faire du surf ou une descente en VTT ; créative ou artistique comme écrire, jouer d’un instrument ou peindre (d’où peut-être le succès actuel des mandalas à colorier?) ; intellectuelle, simple lecture ou travail de recherche complexe ; ou encore contemplative comme être absorbé par un magnifique coucher de soleil ou certains états méditatifs.

Les résultats des études de Mihaly ont montré que quelle que soit la culture, le milieu social, l’histoire ou l’éducation des personnes, on retrouve 7 caractéristiques universelles à cet état de flow :

L’engagement total, l’attention centrée sur ce que l’on fait;
Le sentiment d’extase, d’être hors de la réalité quotidienne;
Une plus grande clarté intérieure;
Le sentiment que ce que l’on fait est réalisable, et que l’on peut y arriver;
Une certaine sérénité, l’impression de sortir des limites de l’ego;
Le sentiment d’intemporalité, d’être hors du temps;
Un sentiment d’accomplissement, que ce que le flow amène est gratifiant en soi.

Elles ne sont pas nécessairement toutes présentes mais la combinaison de plusieurs d’entre elles caractérise le flow.

Peut-on créer le flow ?

Quel que soit le nom qu’on lui donne, flow, bien-être, bonheur, il est primordial de prendre conscience qu’il vient de l’intérieur et que nous pouvons cultiver certaines qualités favorisant l’entrée dans cet état :
l’attention et la présence, l’engagement dans ce que nous faisons, la flexibilité, la curiosité et l’envie d’apprendre de nouvelles choses, savoir se fixer des objectifs réalisables, se réjouir de nos réussites et goûter pleinement tout les petits moments de bonheur : un sourire, l’air frais sur son visage ou la chaleur du soleil sur la peau, un chant d’oiseau, une belle lumière de fin de journée…

En utilisant le rythme, ses effets bénéfiques et l’engagement corporel, le processus TaKeTiNa crée les conditions favorables à l’émergence du flow :

L’attention totalement engagée par les différents niveaux rythmiques pieds/mains/voix,
La simultanéité des perceptions et l’engagement sensoriel qui permet de sortir du mental,
La pleine présence où il n’y a plus ni passé ni futur mais seulement l’instant présent,
Le plaisir du rythme, d’être en rythme.

 » Une personne peut se rendre heureuse ou misérable, indépendamment de ce qui se passe réellement, simplement en changeant le contenu de la conscience. « 
Mihaly Csikszentmihalyi