Sentir la pulsation : un Symposium Musique et Cerveau

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Des scientifiques ayant rencontré des ethnomusicologues et des musiciens au Centre de Recherche Informatique en Musique et Acoustique de Stanford en mai 2006, suggéraient que la musique rythmique pourrait modifier les fonctions cérébrales et traiter un certain nombre de maladies neurologiques comme le déficit de l’attention et la dépression. Les différents groupes se sont rencontrés lors de la journée de symposium : « Entraînement des Ondes Cérébrales aux Stimuli Rythmiques Externes », pour partager des idées repoussant les frontières de notre compréhension de l’expérience humaine.

Les musiciens et les mystiques connaissent depuis longtemps le pouvoir de la musique rythmique. Les percussions rituelles et les prières rythmiques se retrouvent dans les cultures tout autour du globe et sont utilisées dans des cérémonies religieuses induisant des états de transe. Mais depuis le mouvement de la contreculture dans les années 60, les scientifiques ont cessé d’étudier les implications quasi-mystiques du rythme musical dit Gabe Turow, l’organisateur du symposium, érudit du Département Musique.

L’intérêt récent pour l’hypnose, la méditation et le sommeil a poussé les scientifiques à se pencher sur la musique de plus près. Un nombre grandissant de preuves scientifiques suggèrent que la musique et d’autres stimuli rythmiques pourraient modifier les états mentaux de manière prédictible et soigneraient même des atteintes cérébrales.

Les études montrent que la musique avec une forte pulsation stimule le cerveau et amène les ondes cérébrales à résonner en synchronicité avec le rythme. Une pulsation lente entraîne des fréquences cérébrales lentes associées aux états méditatifs et de transe. Un rythme plus rapide permet une pensée plus alerte et concentrée.

Les études sur le rythme et le cerveau ont montré qu’une combinaison de stimulations sonores et lumineuses produit les effets les plus importants sur les fréquences cérébrales. Harold Russell, psychologue clinicien et professeur adjoint de recherche au Département de Gérontologie et de Promotion de la Santé à la Branche Médicale de l’Université du Texas à Galveston, a utilisé des stimulations lumineuses et sonores pour traiter les Troubles Déficits de l’Attention (TDA) chez des enfants de classes élémentaires et en collège.

Ses études ont démontré que les stimuli rythmiques qui accéléraient les fréquences cérébrales des sujets augmentaient leur concentration de manière similaire aux traitements tels que la Ritaline ou l’Adderall. Après des séries de sessions de 20 mn sur plusieurs mois, les enfants réalisaient des gains durables en concentration et au test de performance de QI, et réduisaient notablement les problèmes comportementaux comparativement au groupe contrôle.

Thomas Budzynski, professeur affilié de psychologie à l’Université de Washington a conduit des expériences similaires avec un petit groupe d’étudiants universitaires à l’Université de Western Washington. Il a découvert que la thérapie lumineuse et sonore aidait les étudiants à améliorer leurs résultats.

Budzynski a également découvert que la thérapie rythmique pouvait améliorer le fonctionnement cognitif chez certaines personnes âgées en augmentant le flot sanguin cérébral.  « Quand un nouveau stimulus est proposé au cerveau, il s’active et la circulation cérébrale augmente. » Pour maintenir une circulation sanguine élevée, il a utilisé une alternance de sons et de lumières rythmiques pour stimuler le cerveau de personnes âgées. Résultat : plusieurs seniors ont amélioré leurs performances dans une série de tests cognitifs.

Des preuves empiriques suggèrent que cette circulation sanguine accrue pourrait aider les victimes de dommages cérébraux à améliorer leurs fonctions cognitives. Russell a utilisé l’entraînement des fréquences cérébrales pour aider son épouse à se remettre d’un AVC sévère. « Un jour elle m’a dit que le brouillard s’était dissipé. » raconte-t-il.

Les neuro-scientifiques préviennent qu’il reste beaucoup à apprendre. « Bien que ces faits soient intéressants, nous n’avons pas encore déterminé les voies neuronales de la perception auditive aussi bien que celles de la perception visuelle ou sensorielle, » explique David Spiegel, Professeur de Médecine à Stanford.

Le symposium se renouvelle chaque année.

Emily Saarman, interne et auteur scientifique au Service des Nouvelles de Stanford.

https://arts.stanford.edu/event/77437/