La Musique Médecine

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Des recherches réalisées en 2012 sur les endorphines ont montré que le seuil de tolérance à la douleur augmente après avoir dansé ou joué de la musique.

Jaloux de « l’ivresse du coureur » que les athlètes ressentent pendant un effort intense? Et bien des recherches récemment publiées révèlent 3 autres manières de sécréter ces endorphines :
Chanter, danser et jouer de la batterie.

C’est la conclusion d’une étude menée par le psychologue  Robin Dunbar de l’Université d’Oxford. Il rapporte avec ses collègues que les personnes venant juste de jouer de la musique ont une tolérance plus élevée à la douleur, une indication que leur corps produit des endorphines, que l’on considère souvent comme des opiacés naturels.
Dans cette expérience, le simple fait d’écouter de la musique ne suffit pas à produire cet effet positif. « Nous concluons que c’est le fait de jouer de la musique qui génère le pic d’endorphines, pas la musique en elle-même ».

Dunbar explique que la musique a évolué, au moins en partie, afin de renforcer les liens sociaux. Comme une étude de 2010 le montre, les gens qui chantent ou dansent sur un même rythme tendent ensuite à travailler ensemble de manière plus coopérative.
Mais qu’est-ce qui déclenche cet esprit communautaire ? Cette nouvelle recherche suggère que cela pourrait être la sécrétion d’endorphines.

Dunbar et ses collègues décrivent 4 expériences.

Dans l’une d’elles, ils ont comparé le seuil de tolérance à la douleur de 2 groupes de musiciens: 12 batteurs jouant ensemble régulièrement, et 9 travaillant dans des magasins pour vendre des instruments. Les percussionnistes ont joué ensemble environ 30mn; les vendeurs travaillant pendant le même laps de temps avec de la musique en arrière fond continu.
Dans les 10 mn suivantes, ils ont tous été soumis à de fortes pressions sur leur bras non dominant, en augmentation constante jusqu’à ce qu’ils signalent une douleur. Les batteurs ont révélé un seuil significativement plus élevé que ceux travaillant en magasin, rapportant également un niveau plus élevé d’émotions positives.

D’autres expériences ont confirmé ces résultats.
L’une d’elles a observé les membres d’un groupe religieux participant à un service impliquant « du chant choral accompagné de claquements de mains ainsi que de mouvements du haut du corps. » Leur seuil de tolérance s’est révélé plus élevé que celui d’un groupe participant à un service Anglican sans musique.

 

Une autre a comparé un groupe de danseurs avec des musiciens en répétition. Les danseurs avaient un seuil de tolérance à la douleur plus élevé, suggérant que les démarrages et les arrêts de la répétition musicale interrompaient l’état de « flow » nécessaire pour produire cet effet.
Une dernière étude a comparé des personnes écoutant au casque des morceaux lents ou rapides de musique classique pendant 30mn. Elle n’a révélé aucune augmentation du seuil pour aucun des groupes.

Dunbar et ses collègues expliquent que leurs résultats démontrent, du moins de prime abord, que la musique génère des pics d’endorphines pouvant déclencher de la coopération, un comportement essentiel pour l’évolution de la société humaine.
D’autres explications à l’origine de la musique ont été proposées, y compris l’idée qu’elle a émergé soit de rituels nuptiaux, soit pour bercer et calmer les enfants. Ces idées ne s’excluant pas mutuellement bien sûr.

Quand et pourquoi tant d’entre nous sont devenus des auditeurs passifs est une autre histoire.
Il serait intéressant d’étudier des personnes écoutant de la musique non pas avec des écouteurs, ou en fond sonore, mais plutôt dans une salle de concert, assis au milieu de centaines d’autres personnes, fascinées comme eux. Se pourrait-il que cette sorte d’attention, passive physiquement mais concentrée, puisse produire les mêmes effets physiologiques que lors de l’expérience des musiciens ? Plus de recherches s’avèrent nécessaires.

Tom Jacobs
Source :https://psmag.com/economics/drummers-high-evidence-that-playing-music-releases-endorphins-49578